Vous avez peut être déjà entendu parler de Docker. Si ce n’est pas le cas, voila les bases : Docker est un système de containers. Les containers sont une forme particulière de virtualisation, ou le kernel n’est pas virtualisé, mais ou les processus du système hôte sont séparés de ceux des systèmes invités. Cela est possible depuis longtemps sous FreeBSD avec les Jails, mais n’est devenu possible sous linux que récemment grâce aux cgroups, qui permettent justement de séparer des groupes de processus. Le principe de Docker est donc d’avoir une machine hôte sur laquelle s’exécutent plusieurs conteneurs Dockers, chacun séparé des autres et de l’hôte, mais utilisant tous le même kernel. Cela pose quelques questions en terme de sécurités, puisque la séparation est bien plus fine qu’avec de la virtualisation classique. En effet, ici, en trouvant un exploit kernel, un attaquant aurait potentiellement la capacité de remonter jusqu’à l’hôte, puisqu’il n’est pas vraiment séparé des invités.
Quoi qu’il en soit, Docker permet donc de virtualiser a moindre coût des systèmes GNU/Linux. “Mais pourquoi utiliser Docker, dans ce cas”, vous demandez-vous peut être, “puisque Xen peut faire la même chose, et plus (notamment, Xen est capable de virtualiser autre chose que GNU/Linux)?”. Et bien c’est très simple : Docker apporte la simplicité de déploiement d’applications. Les conteneurs Dockers peuvent être décrit en un fichier, nommé Dockerfile, qui permet de répliquer un conteneur en quelques minutes sur un autre hôte, en une commande. Le Docker Hub permet aussi de récupérer rapidement et facilement un grand nombre d’images déjà configurées.
Maintenant que nous avons expliqué rapidement ce qu’était Docker, voyons le rapport avec les ebooks et Twitter.
Les comptes dits “ebooks” (le nom vient a l’origine de horse_ebooks, voir ici pourquoi) sont des bots twitter utilisant des Chaines de Markov, avec les tweets d’un utilisateur “source” comme corpus, pour produire des tweets ressemblant a ceux de l’utilisateur source. Nous allons voir maintenant comment en installer un.
C’est, comme disent certaines personnes, “fun”.
Il existe de nombreuses librairies écrites pour créer ce genre de bots, cependant dans ce cas nous nous concentrerons sur celle-ci, qui est une lib ruby créée par @m1sp, qui gère pour nous a la fois l’API twitter et la génération des messages.
Cependant, cela n’explique toujours pas le lien avec Docker. Ce lien est très simple : nous utilisons un container pour faire tourner les bots. Depuis la version 3, la gem twitter_ebooks permet de faire tourner plusieurs bots dans une seule instance. Cependant, il est toujours plus sûr d’isoler les bots, et les containers dockers permettent de les déployer sur n’importe quelle machine (celleux qui ont déjà tenté de mettre en place une application basée sur ruby sauront le problème que cela pose habituellement). Pour ce faire, j’ai créé un repo github qui contient toutes les pièces nécessaires pour mettre cela en place : le bot en lui même, les deux Dockerfiles, etc.
Le fonctionnement du bot est
simple : après avoir installé la gem twitter_ebooks, vous archivez le corpus de
l’utilisateur source avec ebooks archive <username> <filename>
(c’est du json)
, puis vous convertissez le json en fichier utilisable par le bot : ebooks
consume <filename>
. Cela fait, démarrer le bot revient a lancer le container :
docker run -d <container name>
Pour plus d’informations, allez voir la
documentation Docker
Bien entendu, dans l’idéal il faudrait mettre a jour les corpus de chaque utilisateur régulièrement. Cela est très simple a mettre en place avec un simple script cron :
00 00 * * * /usr/local/bin/ebooks archive username /usr/local/ebooks/main/corpus/username.json >> /var/log/ebooks/update.log 2>&1 00 05 * * * cd /usr/local/ebooks/main/ && /usr/local/bin/ebooks consume corpus/username.json >> /var/log/ebooks/update.log 2>&1 00 10 * * * docker rm -f bots >/dev/null 2>&1 00 15 * * * docker rmi bots > /dev/null 2>&1 00 20 * * * cd /usr/local/ebooks/main/ && docker build --rm -t bots . >> /var/log/ebooks/build.log 2>&1 00 25 * * * docker run -d --name bots bots >> /var/log/ebooks/run.log 2>&1
Les 5 minutes entre chaque commande sont laissées pour empécher que deux commandes ne s’executent en même temps.
Et voila, vous avez un container Docker qui fait tourner une application en ruby toute sale, et votre système hôte reste propre. Bien sûr, ce n’est qu’un exemple des possibilités de Docker : par exemple, on peut aussi faire tourner des applications “usuelles” dedans, puisque l’overhead de Docker est minimal, et beaucoup d’autres applications existent.