This is subject to debate, and as most of the actors in this field are not French-speaker, there is an English version of this text here
Bon, voila. J’ai passé le cap. Je suis sous GNU/Linux depuis un certain temps, maintenant, et depuis un certain temps je remarque des changements malvenus. Bien entendu, au début, je n’avais pas les connaissances nécessaires pour comprendre ne serait-ce que ces modifications existaient. Et puis certaines sont arrivées avant que je n’ai même idée que quelque chose dans mon système d’exploitation avait cette fonction la. Par exemple, udev, ou policykit/consolekit/. A l’époque, je n’avais aucune idée de la façon dont les disques étaient montés sur mon système. Le premier système non-Windows que j’ai utilisé fut Ubuntu 9.10 Karmic Koala, et il était encore trop tôt pour que je cherche a démonter le système pour comprendre comment il fonctionnait en profondeur. Cependant, avec le temps, les connaissances s’accumulant et mon niveau de compréhension du système s’améliorant, j’ai commencé a remarquer que certain bouts de l’OS ne collaient pas exactement avec les autres. Bien sur, je ne saurais dire si cette réalisation s’est faite a cause de la recrudescence de ces bouts d’OS, ou bien juste a cause de ma compréhension plus poussée. Toujours est-il que ces petits bouts d’OS ne s’adaptant pas au reste du système se faisaient de plus en plus visible. Et puis, un jour, j’en ai eu marre de voir unity sur ma machine, et j’ai choisi de passer a Archlinux. C’était avant le passage a systemd. Ce système me convenait bien. Si je n’installais pas Gnome, ce que je ne comptais pas faire, il ne me forçait pas a installer un *kit quelconque, ni dbus. Oui, udev était toujours la, mais c’était le moins envahissant de ceux la.
Mais Archlinux est passé a systemd. Attention hein, je ne critique ici ni systemd, ni udev, ni même les kit, et surtout pas Archlinux. Les premiers sont probablement très efficaces dans leur domaine, et le second n’a pas vraiment eu le choix, rapport a la philosophie de la distribution d’avoir au plus vite les dernières versions de tout. Cependant, systemd, tout comme udev et les kits (bien que ce ne soient pas les seuls a faire ça…) ont un problème très précis, qui n’importe pas a tout le monde, mais qui est très gênant pour ceux a qui il importe, et ce problème est que ces systèmes ne respectent absolument pas la philosophie UNIX. La philosophie UNIX, pour rappel, se résume en ces 9 principes :
- Ce qui est petit est beau
- Faites en sorte que chaque programme fasse une chose, bien.
- Faites un prototype aussi vite que possible
- Choisissez la portabilité plutôt que l’efficacité
- Stockez les données dans des fichiers textes.
- Utilisez ce qui existe déjà a votre avantage. [1]
- Utilisez des scripts shells pour faciliter la portabilité et la réutilisation.
- Évitez les UI qui “capturent” l’utilisateur.
- Faites de chaque programme un filtre.
Alors bien entendu, un système d’exploitation est fait pour évoluer, et
on pourrait penser qu’UNIX a fait son temps. Cependant, ce n’est pas
exactement la façon dont l’informatique fonctionne. Effectivement, les
standards, les systèmes d’exploitation, les logiciels, tout doit évoluer
- ou mourir - et UNIX ne fait pas exception a la règle. Mais ce n’est
pas d’UNIX que nous parlons ici. C’est de la philosophie UNIX. Et
celle-ci n’a pas fait son temps, elle a fait ses preuves. La
philosophie UNIX, en plus d’être efficace sur le papier, a aussi 44 ans
de tests derrière elle, et fonctionne aussi bien qu’au premier jour.
La philosophie UNIX est aussi et surtout une garantie d’utilisabilité
et de simplicité pour les administrateurs systèmes, pour les
développeurs, bref pour tous ceux qui font de l’informatique
sérieusement (je ne dis pas que les autres métiers de l’informatique
ne sont pas sérieux, je prend juste ceux-ci comme exemples parce que ce
sont ceux qui sont les plus proches du système).
Tous OS se doit d’avoir un système standardisé pour faire communiquer
les programmes entre eux. UNIX a un système de pipes, des sortes de
fichiers spéciaux permettant d’échanger des informations. C’est
efficace, ça respecte le “tout est fichier”, c’est standard, c’est
simple a comprendre, bref, ça fonctionne parfaitement. Dbus vient
remplacer ça, avec une interface qui n’est explicitement pas faite pour
être utilisée a la ligne de commande mais a l’aide d’APIs, et un
programme monolithique qui effectue sa tache d’une façon complètement
obscure pour l’utilisateur. Alors bien sur, il l’effectue d’une façon
efficace, cette tache. Oui, ça va plus vite qu’avant. Oui, c’est plus
“rangé”, ça fait moins “fouillis”. Mais c’est moins efficace. C’est
beaucoup moins utilisable pour l’utilisateur final. C’est
horriblement chiant pour les sysadmins, parce qu’ils ne peuvent plus
lire facilement les échanges entre programmes. C’est peu pratique, en
fin de compte. Et ça ne respecte pas du tout la philosophie UNIX.
Systemd prend le même parti de créer une interface unifiée, accessible
via des appels a des APIs uniquement, complètement obscure, extrêmement
abstraite, bien entendu monolithique, et très peu ouverte a la
modification par l’utilisateur final. Alors oui, il parait que ça
augmente la vitesse de boot. Eh bien, au risque d’en choquer quelques
uns, je préfère avoir un système qui boote légèrement plus lentement
et que je puisse modifier facilement, et qui soit ouvert, compréhensible
et distribué. C’est presque comme si les projets freedesktop.org avaient
pour but de remplacer la base UNIX de linux en créant un système
concurrent, bâtard, bâti sur le kernel Linux mais n’employant plus les
systèmes basiques d’UNIX.
Le problème est qu’il est facilement visible que la direction prise par la communauté Linux n’est pas celle du retour sur les systèmes UNIX ni celle du développement de solutions respectant la philosophie UNIX, mais remises au gout du jour (?), mais est bien d’accepter et de pousser les changements apportés par les projets freedesktop.org directement dans le cœur du système lui même. Ainsi, Fedora (très près de Red Hat, dont font partie de nombreux développeurs de ces projets), a déjà adopté tous ces changements (archlinux aussi, mais pour d’autres raisons…), et on peut compter sur le fait que les autres distributions l’adopteront un jour ou l’autre.
Bon, maintenant que nous avons, si ce n’est démontré la nocivité de ces systèmes, tout du moins exprimé les raisons qui font qu’ils me déplaisent, on pourrait penser qu’il suffit de passer a une distribution n’incluant pas systemd, voire a une distribution n’incluant pas du tout de contenus freedesktop.org, et de vivre avec le fait de ne pas être sur archlinux. Cependant, avec un peu de réflexion, on voit que si des distributions comme archlinux et Fedora ont adopté systemd (et qu’OpenSUSE est en train de l’intégrer), il est probable que cela devienne un standard au fil des années, et que seuls survivent systemd et upstart, le gestionnaire de démarrage d’ubuntu, qui ne changera probablement pas (je les vois mal revenir en arrière sur ce point.) Toujours est-il que l’init héritée du System V semble condamnée a mourir sous Linux. Il pourrait être judicieux de passer sous debian squeeze, qui ne recevra probablement jamais la mise a jour, ou a wheezy, qui ne la recevra probablement que dans 2/3 ans. Cependant, cette période est toujours trop courte, et met sur mon système d’exploitation une date d’expiration, chose qui ne me plait que moyennement. Non, la solution est de passer sous un système autre, qui ait son propre système d’init (ou qui ne risque pas de passer sous systemd). Dans ce cas, deux options principales s’ouvrent a moi: OpenSolaris et *BSD. Minix n’est pas vraiment un choix, vu le peu de programmes qu’il permet de faire fonctionner et le fait qu’il ne soit disponible que sur i386, ce qui n’est pas vraiment avantageux au vu de mon système en x86_64. Haiku n’est pas un choix non plus, puisque le but est de rester dans une optique UNIX.
OpenSolaris est un système d’exploitation tout a fait valable. Je n’ai en théorie aucun problème sur cet OS, sauf que certains choix de design ne correspondent pas du tout a l’idée que j’ai d’un OS. En effet, OpenSolaris ressemble assez a Debian dans sa vision du fonctionnement de ses outils, avec des paquets modifiés pour les rendre plus simples a utiliser (fichiers de configuration fournis par défaut, par exemple, et autres patchs “release-only”), et une tendance a faire des scripts et des outils installés par défaut pour tout et n’importe quoi. Bref, cela n’est pas le sujet. Il convient aussi de voir qu’avec la récente acquisition de Sun par Oracle, il est possible que le projet OpenSolaris n’ait pas de très beaux jours devant lui (la page d’accueil du projet affiche d’ailleurs un ÉNORME logo Oracle, du meilleur gout.)
Il reste donc *BSD. Pourquoi choisir FreeBSD plutôt qu’OpenBSD, NetBSD ou DragonFlyBSD (pour ne citer que les plus connus) ? Et bien c’est simple : pour aucune raison particulière. OpenBSD et NetBSD ont pour réputation d’être orientées sécurité, et d’après ce que j’ai pu en voir DFBSD ressemble aussi au système de l’assistance a l’user a outrance décris plus haut. Mais la vérité est que je n’ai pas fait suffisamment de recherches et que FreeBSD ne va me voir arriver que par hasard, parce qu’entre toutes les BSD ca me semble la plus sympa et la plus agréable a utiliser, plus le fait que le système de ports me convient bien (j’aime pouvoir configurer mes logiciels de façon assez profonde.)
Voila, c’est mon avis sur ce “problème” actuel du monde de Linux. Bien
entendu, je continuerai a utiliser Linux, et je ne peux qu’espérer que
les systèmes tels que systemd ou dbus ne disparaissent, ou tout du moins
n’apparaissent jamais chez certaines distributions, créant de ce fait un
choix pour les utilisateurs.
[1]: Je n’ai pas trouvé de traduction satisfaisante a “software leveraging”, mais l’idée est la…*